Photo Oscar Vazquez
En 1720, J.S Bach inscrit « Sei solo » sur ses Sonates et Partitas pour violon, un titre qui correspond parfaitement au contenu de l’œuvre : six pièces extraordinaires pour violon solo. Mais... Un instant. En italien correct il devrait être écrit, au pluriel, « Sei soli » alors que ce que Bach a écrit se traduit littéralement par « Tu es seul ». Erreur grammaticale, jeu de mots ou déclaration cachée d’une extrême tristesse ? En juillet de la même année, sa première épouse Maria Barbara meurt subitement. On peut imaginer le choc énorme et l’angoisse qui traversèrent le compositeur, se retrouvant seul avec quatre enfants en bas âge. Au point de confesser sa solitude dans le titre d’une œuvre de sa grande collection ? Pourtant, aussi incroyable que ce soit, les années qui suivent à Köthen sont marquées par une plénitude familiale et créative. Marié à Anna Magdalena Wilcke, jeune chanteuse de cour, il est soutenu par un prince qui adore la musique et entouré de musiciens d’une extraordinaire qualité, pour qui il peut composer des œuvres sans aucune limite technique. Ainsi, à travers ce programme joyeux et étincelant, Gli Incogniti répond au maître de chapelle de Köthen : « Non Sei solo », tu n’es pas seul.